TREC/001/4/16: RECOMMANDATION POUR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE L’IMPUNITE DES VIOLATIONS GRAVES DES DROITS DE L’HOMME EN AFRIQUE
Nous, participants au Forum sur la Participation des ONG aux travaux de la 58ème Session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, tenu du 3 au 5 avril 2016 au Paradise Suites Hotel, au Senegambia, République islamique de Gambie ;
Rappelant les dispositions de l’Acte constitutif de l’Union africaine, demandant à l’organisation de promouvoir et de protéger les droits de l’homme et des peuples, la paix, la sécurité et la stabilité à travers le continent, ainsi que le respect des principes démocratiques et de la bonne gouvernance (articles 3.h et 4.m) et de condamner et de rejeter l’impunité (article 4.o) ;
Rappelant les dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ratifiée par tous les Etats membres de l’Union africaine, à l’exception du Soudan du Sud, et reconnaissant les droits et les libertés dont jouissent les individus sur le continent africain, y compris les droits au respect de la vie, de l’intégrité et de la dignité de tous les êtres humains (articles 4 et 5) ;
Profondément préoccupé par les graves violations des droits de l’homme commises dans les différentes régions du continent africain, y compris la violence sexuelle et basée sur le genre qui peut constituer des actes de génocide, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre et d’autres violations graves du droit international humanitaire et du droit international en matière de droits de la personne, et profondément préoccupé par l’impunité endémique dont continuent de jouir leurs auteurs ;
Soulignant l’engagement des pays africains à lutter contre l’impunité pour toutes les violations des droits de l’homme, et en particulier le consensus selon lequel on devrait enquêter sur les crimes internationaux qui choquent la conscience de l’humanité et mettent en danger l’ordre public international, et poursuivre leurs auteurs ;
Considérant que 34 Etats africains sont parties au Statut de Rome de la CPI, et se sont donc volontairement engagés à soutenir l’enquête et les poursuites de crimes internationaux et à lever l’immunité des responsables de telles atrocités ;
Considérant les résolutions de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples appelant les Etats membres de l’Union africaine à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (1998, 2002) et sa Résolution sur la fin de l’impunité en Afrique et la domestication et la mise en œuvre du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (2005);
Profondément préoccupée par la résolution adoptée par l’Union africaine lors de son Sommet de Janvier 2016, décidant de développer une stratégie globale de retrait collectif du Statut de Rome, mais notant toutefois que l’Union africaine n’est pas partie au Statut de Rome et que la décision finale de retrait ne peut être prise que par les Etats ;
Rappelant la nécessité de renforcer les capacités des autorités nationales à traiter les crimes internationaux et les violations de la Charte africaine, et notant que, conformément au principe de la complémentarité, les juridictions régionales et internationales n’ont compétence que lorsque les autorités nationales sont réticentes ou ne peuvent pas enquêter et poursuivre effectivement ces crimes internationaux ;
Considérant que 30 Etats africains sont parties au Protocole relatif à la Charte africaine portant création d’une Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, et que 7 d’entre eux ont déposé la Déclaration spéciale 34(6) accordant aux individus et aux ONG un accès direct à la Cour ;
Préoccupé par le retrait, par le Rwanda, de sa Déclaration spéciale en vertu du Protocole portant création d’une Cour africaine des droits de l’homme et des peuples permettant aux individus et aux ONG d’avoir un accès direct à la Cour, car cela constitue un recul important dans la protection des droits de l’homme dans le pays en particulier, et à travers l’Afrique en général ;
Conscient de la souffrance de milliers d’africains victimes de violations du droit international humanitaire et du droit international en matière de droits de la personne, qui continuent à rechercher la vérité, la justice et la réparation ;
Le Forum des ONG exhorte la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples à adopter une résolution :
Fait à Banjul, République islamique de Gambie, le 5 avril 2016